Cartographie cérébrale fonctionnelle par stimulation électrique directe cortico-sous-corticale per-opératoire

, par  Hugues DUFFAU, Illyess ZEMMOURA , popularité : 3%

VII. Conclusion et perspectives

Aujourd’hui, l’utilisation de la SED selon des règles techniques strictes permet d’obtenir une sensibilité proche de 100%, c’est-à-dire qu’il est possible de n’avoir aucun faux négatif et donc d’opérer avec une très grande sécurité fonctionnelle. Par contre, la spécificité de la SED n’est pas parfaite. Comme le font remarquer Mandonnet et al. (24), "la SED peut en effet indiquer qu’une structure est cruciale en raison de l’induction d’une réponse fonctionnelle transitoire lors de la stimulation, alors que (1) cet effet est généré par la propagation de l’électro-stimulation, de façon antidromique le long des axones vers un réseau réellement essentiel et/ou (2) la région stimulée peut être fonctionnellement compensée par des mécanismes de plasticité cérébrale". La SED peut donc nous amener à ne pas réséquer une partie de la lésion alors que son exérèse n’aurait pas provoqué de déficit permanent.
Toutefois, cette limitation nous semble acceptable étant donné les résultats de cette technique tant sur l’extension des exérèses chirurgicales que sur la diminution du risque de séquelles neurologiques post-opératoires (2). Par ailleurs, ce mécanisme de plasticité cérébrale ne contre-indique en aucun cas une ré-intervention. Au contraire, il a été montré que cette plasticité permettait de proposer une seconde chirurgie plusieurs années après une première exérèse qui avait été interrompue pour respecter les limites fonctionnelles de la cartographie corticale, la réorganisation corticale autorisant alors une extension de l’exérèse (7).
Afin d’améliorer la spécificité de la SED et ainsi permettre d’améliorer la qualité des résections chirurgicales sans entraver la préservation des fonctions cognitives, les futures avancées dans 3 domaines de recherche en neurosciences seront probablement déterminantes :
-  La meilleure compréhension des mécanismes de plasticité cérébrale (7) pourrait permettre de prédire les chances de récupération à long terme d’une région essentielle le jour de la chirurgie.
-  La parfaite connaissance de la connectivité sous-corticale, et notamment la fonction des sous-parties des grands faisceaux d’association, pourrait nous aider à détecter les faux positifs liés à la propagation de l’influx électrique vers une région corticale distante.
-  Enfin, la meilleure connaissance des mécanismes physiques secondaires à la stimulation électrique corticale et axonale permettra de mieux comprendre ses effets à l’échelon cellulaire et à plus grande échelle sur la connectivité cérébrale.