Ethique et Neurochirurgie

, par  Manuel LOPES , popularité : 2%

NEUROETHIQUE

L’inventeur du mot neuroéthique serait le neuropsychiatre A .PONTIUS en 1973 (6).
Mais c’est depuis les années 90, grâce à l’évolution de la technologie et de certaines techniques d’imagerie moins invasives, que les recherches sur le cerveau ont évolué vers les sciences comportementales et cognitives, et de fait suscitant nombre de questionnements.
Pourquoi ce nouveau mot ? Est-ce que l’éthique doit se prévaloir d’un sous chapitre spécifique pour citer B. Baertschi (maître d’enseignement et de recherche à l’institut d’éthique biomédicale et de philosophie de Genève) ? « Le XX° siècle a vu la naissance de la bioéthique, et à peine le XXI° est-il commencé qu’on voit fleurir le terme « neuroéthique ». A chaque siècle son éthique ? Ou plutôt : à chaque siècle un nouveau chapitre de l’éthique ? »
C’est du fait de l’explosion récente des neurosciences et de l’histoire de la recherche médicale centrée autour de la cognition et du comportement, que la réflexion va se développer sous le terme de Neuroéthique.
Nuremberg a été un tournant majeur, puisque de ce procès sont nés les « dix commandements » du code de Nuremberg (1947) inhérents à toute recherche biomédicale, dont le premier et le plus important est la notion de consentement.
Bien sûr, la réflexion sur ce sujet va générer bien d’autres textes, dont en France la création d’un Comité National d’éthique en 1983 par le président F. Mitterand.
Le problème en recherche cognitive et comportementale est bien évidemment la recherche, l’obtention mais aussi la validité de ce consentement.
Pour mémoire, souvenons nous du cas de Phineas Gage décrit par Antonio Damasio : cet ouvrier des chemins de fer victime d’un accident suite à une explosion, et qui présente un traumatisme crânien. De prime abord, le « patient » s’en sort avec toutes ses facultés mentales à l’exception d’une altération nette de son comportement : il devient irascible, irritant, mal poli, etc. « Gage vivait avec des capacités physiques intactes et des facultés cognitives en bon état, bien qu’avec une exception importante : il était devenu incapable de faire des choix moraux » (A. Jonsen).
Dès lors, que peut bien signifier la notion de consentement dans ce type de situation ? On peut se poser la question non pas seulement dans les cas de traumatisme crâniens, mais aussi dans le cas de toute pathologie identifiée avec une IRM à l’appui (AVC, tumeurs…) ou non (démence…).
Si on remet en cause le consentement, que penser de la notion de responsabilité qui en découle ? Car si on n’est plus capable de jugement, comment peut on donner notre consentement ?
La neuréthique va donc s’interroger sur les neurosciences comportementales et cognitives, recherche qui associe imagerie cérébrale et méthodes de psychologie. Elle s’intéresse au cerveau structurel (compréhension des mécanismes physiopathologiques des maladies, mais aussi fonctionnement cérébral lors de processus cognitifs, psychiques et perceptifs) mais aussi aux conséquences des modifications subies ou provoquées, et ses répercussions possibles sur la personne, son identité…