Métastases cérébrales

, par  Philippe Meneï, Philippe Metellus, Rogatien Faguer, Sébastien Boissonneau , popularité : 4%

IV. EPIDEMIOLOGIE

L’incidence des MC est difficile à évaluer en raison des sources de données peu précises et variables par leurs méthodologies. Toutefois, même si l’estimation de l’incidence des MC varient selon la méthodologie employée, son augmentation semble réelle (47) (170000 nouveaux cas de MC par an par aux Etats Unis). Cette augmentation de l’incidence des MC est multifactorielle. Ainsi, le vieillissement de la population, la diminution de la mortalité hors cancer, l’augmentation de l’incidence de certains cancers primitifs (cancer broncho-pulmonaire chez la femme), les progrès des moyens diagnostiques (IRM, PET scan, ...) et des traitements locaux (chirurgie, radiochirurgie, ...) mais aussi l’augmentation de la survie des patients atteints de cancers sont des facteurs pouvant expliquer l’augmentation de l’incidence des MC (47).

L’incidence des MC varie selon le type histologique du cancer primitif. Bien que tout cancer soit à même de développer des MC, dans deux tiers des cas celles-ci proviennent d’un cancer bronchique, d’un cancer du sein ou d’un mélanome. Ainsi l’incidence des MC dans les cancers broncho-pulmonaires est la plus élevée (incidence de 19,9%) par rapport à celle des autres cancers (6,9% pour le mélanome, 6,5% pour le cancer rénal et 1,8% pour le cancer colorectal) (6). Dans le cas du cancer du sein, l’incidence varie de 5,1% (6) à 20% (42) selon les séries. Elle varie également selon le sous-type moléculaire de la tumeur primitive. Ainsi, selon les séries, cette incidence des MC varie de 25% à 49% pour les tumeurs exprimant fortement HER2 (human epidermal growth factor receptor 2, gène de la codant pour la glycoprotéine transmembranaire HER2, impliquée dans la prolifération des cellules tumorales) et de 25% à 46% pour les tumeurs triples négatifs (HER2 non surexprimé, expression des récepteurs aux œstrogènes et aux progestérones négatif) (42).

V. Principes physiopathologiques du processus pathologique

L’étude et la compréhension du processus de dissémination métastatique sont primordiales pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques contre les MC. Décrite par Paget (48), la théorie du « seed » (cellules tumorales circulantes (CTC)) and du « soil » (micro environnement cérébral), permet de comprendre qu’une affinité entre les CTC et le micro environnement cérébral est indispensable au développement des MC. Cette dissémination se fait en plusieurs étapes (20) :

- détachement cellulaire et invasion de la matrice extracellulaire

- passage dans la circulation des CTC

- adhésion aux cellules endothéliales

- extravasation

- prolifération dans le parenchyme cérébral

- néoangiogénèse tumorale.

Cette théorie du seed and soil, proposée par Paget, permet de distinguer des facteurs propres aux CTC (the seed) et ceux propres au micro environnement cérébral (the soil).

Parmi les nombreux facteurs moléculaires propres aux CTC pouvant favoriser le développement des MC (11), plusieurs altérations génétiques ont été identifiées. Dans les cancers du sein, l’expression d’HER2 (22), la présence d’une mutation de BRAC1 (1), le phénotype triple négatif (45) ou le statut négatif du récepteur aux œstrogènes (68) sont des facteurs augmentant le risque de survenue de MC.

Dans les cancers broncho-pulmonaires, l’activation de la voie de signalisation WNT/TCF via les gènes HOXB9 et LEF1 (46, 14) ou les activations de EGFR-ERK (28) et de MET (8) ont été associées à une incidence plus élevée de MC.

Parmi, les facteurs propres au microenvironnement cérébral pouvant favoriser le développement des MC, on distingue la barrière hémato encéphalique (BHE) et les astrocytes. La BHE est une microstructure vasculaire cérébrale constituée d’un endothélium non fenêtré avec des jonctions serrées entouré par des péricytes et recouvert par les terminaisons astrocytaires. Elle régule, à l’état physiologique, le passage de macromolécules entre le flux sanguin et le parenchyme cérébral. Une interaction des CTC avec la BHE est donc indispensable pour permettre l’invasion du parenchyme cérébral par les CTC (31).