Traitement chirurgical du tremblement

, par  David Maltête, Romain Lefaucheur, Stéphane Derrey , popularité : 3%

Traitement chirurgical

*Historique

Dans la découverte de la cible thalamique, la science et le hasard ont tous deux joué leur rôle. En effet, l’histoire rapporte qu’un élève d’Irving Cooper croyant réaliser une pallidotomie a obtenu une suppression totale du tremblement. Or en regardant les radiographies stéréotaxiques per-opératoires, la lésion censée se situer au niveau du pallidum, se trouvait en réalité dans le thalamus ventro-latéral ce qui encouragea par la suite Cooper à pratiquer de nombreuses cryothalamotomies. Dans le même temps, sur la base de travaux anatomiques et physiologiques, Hassler et Riechert sont arrivés à la même conclusion et ont rapporté dès 1954 leur expérience de la thalamotomie ventro-latérale sur le tremblement parkinsonien. Entre 1951 et 1967, Cooper diffusa largement cette technique puis des auteurs aussi célèbres que Riechert, Mundinger, Gilligham, Krayenbühl et Siegfried l’ont reprise à leur tour et rapportèrent une réduction du tremblement parkinsonien entre 85 et 90% en dépit d’un effet moindre sur la rigidité. Parallèlement dans les années 60’, grâce à des enregistrements électrophysiologiques, Albe-Fessard et coll.(1, 2) ont retrouvé au sein du Vim des cellules ayant une activité électrique synchrone du tremblement encore appelées « tremor cells » et des neurones kinesthésiques disposés selon une organisation somatotopique. Devant une telle efficacité la cible Vim a conquis rapidement et largement une très large majorité de neurochirurgiens stéréotacticiens. Au cours de ces thalamotomies, il a été montré que la stimulation au delà de 100 Hz permettait de réduire le tremblement(30, 61) ce qui a conduit une vingtaine d’année plus tard à placer une électrode de stimulation au sein de la cible pour obtenir le même effet sur le tremblement(8, 9). D’une chirurgie lésionnelle aux effets indésirables irréversibles, on passait alors à une chirurgie modulatrice, adaptable et réversible. Une autre raison expliquant l’intérêt portée à la stimulation du Vim est venue des effets indésirables fréquemment observés lors des thalamotomies bilatérales en particulier les troubles de la parole et de l’équilibre. Ainsi, la stimulation du Vim autrefois réservée pour traiter un deuxième coté chez un patient ayant déjà eu une thalamotomie est devenue la technique de première intention avec une morbidité moindre des procédures bilatérales. Aujourd’hui, la chirurgie « lésionnelle » conserve néanmoins sa place avec les « thalamotomies radiochirurgicales » qui nous le verrons plus loin apporte de bon résultats avec une morbidité faible. Néanmoins, ces procédures restent une approche de seconde intention réservée aux patients chez qui la stimulation cérébrale est contre-indiquée.